Ensemble, nous sommes plus fort !

L'entraide ne date pas d'hier, l'être humain était autrefois l’espèce la plus coopérative du monde vivant, cela à cause de (ou grâce à) toutes les contraintes auxquelles il était exposé. C’est notre vulnérabilité qui nous a rendu forts, qui nous a obligé à prendre soin des autres, à nous réunir en clans, à coopérer.

L’entraide est profondément ancrée en nous. Nous sommes une espèce "ultrasociale".

Sauf que cette fois, la possibilité même d’entraide semble nous filer entre les doigts !

Il faut se rendre compte que la courte période d’abondance que nous venons de vivre depuis la révolution industrielle, a fait émerger une solide culture de l’égoïsme. Logique : c’est parce que nous sommes infiniment riches, que nous pouvons nous permettre le luxe de dire à notre voisin : "Je n’ai pas besoin de toi, je peux vivre seul".

Il en va de même dans le monde vivant, des bactéries aux arbres, en passant par les animaux. Un milieu d’abondance fait émerger la compétition ; un milieu pauvre et hostile fait émerger l’entraide.

Les biologistes redécouvrent aujourd’hui que les organismes qui survivent le mieux ne sont pas forcément les plus forts, mais ceux qui s’entraident le plus. Pendant les tempêtes, ce seront donc les groupes les plus coopératifs, les plus soudés, les plus organisés, qui s’en sortiront le mieux. Et en effet, on peut se rendre compte qu'ensemble nous sommes plus forts, nous pouvons faire des choses qui nous paraissent impossibles à faire seul. Prenons deux exemples différents  :

L’entraide entre voisins lors de déménagements ; cela peut paraître être un exemple « bateau », mais il résume très bien l'idée que nous voulons vous partager. Déplacer certains meubles représentent des obstacles insurmontables seul, mais à plusieurs, nous répartissons le poids de l’obstacle pour gravir la difficulté.

C'est un peu le cas également lorsque nous participons à une cagnotte, chacun donne un petit peu, pour au final arriver à de grandes sommes. Par exemple, partout en France, dans le cadre de la journée mondiale des cancers pédiatriques, le 15 février, l’ensemble des acteurs (associations, chercheurs, etc) ont décidé de se réunir autour d’un projet commun. Il s’agit d’organiser des concerts sur tout le territoire national afin de porter la voix des enfants et adolescents touchés par le cancer.

A Lyon par exemple, le collectif « Une nuit pour 2 500 voix » a lancé une soirée musicale au profit de la recherche.

Une appellation qui entre en résonance avec les 2 500 enfants et adolescents atteints d’un cancer chaque année en France. 1 enfant sur 5 atteints du cancer en France ne pourra être soigné et décèdera chaque année.

Tout l'argent gagné lors de cette soirée aura pour objectif d’aider à financer ce beau projet, destiné à faire progresser la connaissance des bases moléculaires de ces cancers et de pouvoir dans l’avenir mieux les soigner.

Les patients ne peuvent rien faire, seuls, face à la maladie ; avec le soutien des médecins, ils peuvent obtenir de l'aide, malgré qu'elle soit encore trop peu efficace, mais faut-il encore avoir les financements ; un don seul ne change pas grand chose, mais en s'unissant, en créant de tels évènements qui regroupent beaucoup de personnes. Là nous pouvons recueillir des dons de grandes ampleurs et avancer ensemble face à la maladie, là où les patients ne peuvent s'en sortir sans aide.

Et le monde du travail a très bien compris l'importance et la force de l'entraide. Le monde rural est d'ailleurs lui aussi beaucoup plus favorable à l'entraide, nous y avons plus recours car les obstacles sont plus grands et les moyens moins importants que dans les villes. Alors lorsqu'il s'agit de travail dans le monde rural, il n'est souvent pas simple de s'en sortir seul, des complicités et des associations se créent donc pour surmonter les obstacles à plusieurs.

Par exemple, dans les Hautes-Alpes, un projet de recherche-action a vu le jour pour soutenir et appuyer les dynamiques locales d'agroécologie paysanne, délaissées par les politiques agricoles au profit des filières plus "longues". C'est pourquoi ces paysans et chercheurs se sont regroupés, ils souhaitent relocaliser la production alimentaire plus facilement tout en anticipant les effets du changement climatique, ce qui permettra un projet à long terme. Grâce à cette association d'éleveurs, de paysans, de boulangers, de chercheurs ou encore de fromagers-fermiers, ceux-ci se retrouvent régulièrement pour échanger, partager des coups de main ou tisser des liens, tout cela dans le but de produire ensemble. Ainsi, grâce à ce projet, ces personnes ont pu redonner du sens à l'activité agricole locale sur un territoire traversé par des crises (comme tout territoire rural), en permettant des travaux d'accompagnement, des échanges de savoir-faire et de main-d'œuvre, ainsi que du soutien aux producteurs fermiers sous toutes les formes possibles.

Et nous nous quitterons donc sur cette magnifique citation de Peter Drucker, qui était un professeur, auteur et consultant américain dans l'économie :"la raison d'être d'une organisation est de permettre à des gens ordinaires de faire des choses extraordinaires".

REPORTERRE.- Quand les temps deviennent difficiles, une seule solution : l’entraide [En ligne].- Disponnible sur "https://reporterre.net/Quand-les-temps-deviennent-difficiles-une-seule-solution-l-entraide" (page consultée le 06/04/19)

LE PROGRES.- Une nuit caritative à Lyon le 5 février au profit des cancers de l'enfant [En ligne].- Disponnible sur "https://www.leprogres.fr/rhone-69-edition-lyon-metropole/2019/01/22/une-nuit-caritative-a-lyon-le-5-fevrier-au-profit-des-cancers-de-l-enfant" (page consultée le 06/04/19)

KAQUET, Julien.- Hautes-Alpes : Soutenir et appuyer des dynamiques locales d'agroécologie paysanne.- Campagnes Solidaires, 02/2017, n°325, p.19